Quel service public de l’énergie voulons-nous ?

La libéralisation détruit à grande vitesse un service public de l’Energie qui, s’il était loin d’être parfait, répondait sur de nombreux points aux besoins sociaux.

Il est plus que temps de tirer un bilan de cette expérience et d’exiger non pas un retour à la situation antérieure, mais des garanties pour un réel service public de l’énergie qui, pour SUD doit répondre aux exigences suivantes :

·        Répondre aux besoins en énergie de toute la population, en toute sécurité et dans le respect maximum de l’environnement.

·        Permettre des choix démocratiques en matière d’énergie. Ceux-ci ne peuvent être ni l’apanage de technocrates comme à l’époque du monopole, ni le résultat d’une stratégie de construction de multinationale prédatrice, comme c’est le cas actuellement : cela conduit la France à devenir le promoteur du nucléaire dans le monde pour les intérêts financiers d’EDF et d’Areva, hypothéquant tout débat sur les choix énergétiques.

Des négociations doivent avoir lieu avec les représentants des citoyens (élus et associatifs), donnant lieu à l’élaboration d’un contrat de service public avec les opérateurs d’Energie. Ces contrats devraient contenir des objectifs et faire l’objet d’un suivi régulier.

·        Se donner les moyens de contrôler et d’appliquer ces choix. Cela passe par :

o       L’existence d’entreprises publiques ;

o       la mise en place d’organismes de contrôle et d’expertise indépendants, dotés de moyens et d’instances de recours.

·        Expérimenter la décentralisation des décisions et soutien à des initiatives locales favorisant l’expérimentation et la promotion des énergies renouvelables.

·        Donner les moyens pour promouvoir de réelles alternatives aux énergies existantes. Il faut sortir du débat « pour ou contre le nucléaire ».

o       En l’absence de filières énergétiques inépuisables et non polluantes opérationnelles à court terme et sur une grande échelle, un programme très ambitieux de maîtrise de la demande doit être mis en place dans les pays développés dans le plus brefs délais. Cela doit passer bien sûr par des programmes d’amélioration de l’efficacité énergétique, mais également par une remise en cause du modèle économique de croissance industrielle.

o       Par ailleurs, l’investissement en Recherche dans toutes les filières énergétiques, et tout particulièrement dans les ENR devrait représenter une priorité absolue.

o       Enfin, les critères environnementaux doivent devenir prépondérants par rapport aux critères économiques dans l’évaluation des moyens de production.

·        Garantir l’accès à l’Energie pour tous, ce qui suppose l’arrêt des coupures, le maintien d’un service public de proximité et une politique de prix fondée sur la redistribution et favorisant les économies d’énergie – par exemple en introduisant un prix fortement progressif en fonction de la consommation.

·        Pour la gestion du parc actuel, accorder une priorité à la sécurité des installations et du réseau, ce qui implique du personnel stable et formé (et non une sous-traitance au moindre coût), le retour à une culture de sécurité en lieu et place d’une culture de rentabilité financière immédiate.

·        Mettre un terme aux prises de participation dans les opérateurs étrangers et réorienter la politique internationale en matière d’énergie vers des collaborations, l’élaboration de normes environnementales et sociales, des stratégies collectives d‘approvisionnement, au niveau européen notamment.

 

Une telle politique passe nécessairement par une socialisation du secteur énergétique, au niveau français et si possible européen. Cela ne signifie en rien une centralisation des décisions, mais l’exclusion de critères de rentabilité économique à court terme comme principal objectif des opérateurs.