Qui décide de la politique énergétique de la France

Communiqué SUD-Recherche et Développement

Qui décide de la politique énergétique de la France

 

La finitude des ressources et la question environnementale obligent chaque pays à s’engager dans la voie de la réduction de la consommation d’énergie et de développement des énergies renouvelables.
Par ailleurs, l’accident de Fukushima, les problèmes irrésolus à ce jour de stockage des déchets, les difficultés à démanteler les centrales en fin de vie, les décisions de pays de plus en plus nombreux – dernièrement l’Allemagne, Etats-Unis et l’Italie – d’abandonner le nucléaire, remettent en question de manière évidente le choix du tout nucléaire en France.

 

Des choix en matière énergétique devront être faits, c’est pourquoi des débats sont menés dans notre pays comme ailleurs sur cette question.

Mais ceux-ci pourront-ils aboutir à des décisions susceptibles d’être mises en application ? A entendre la manière dont sont fait les choix à EDF – qui détient la quasi-totalité des moyens de production énergétique en France – on peut en douter : la politique énergétique de la France semble bien être non pas entre les mains de la nation ou de ses représentants, mais entre celles de M. Proglio, président d’EDF.

Ainsi, aux interpellations des représentants du personnel au comité d’établissement du centre de recherche d’EDF sur l’absence de construction de politique alternative au nucléaire, les représentants de la direction se justifie comme suit : « la stratégie de M. Proglio, certes risquée, est de continuer dans la voie du tout nucléaire ». Cette décision semble bien être celle de la Direction d’EDF, guidée par un pari sur la rentabilité de cette option, et non par les intérêts du pays. C’est l’une des conséquences catastrophiques de la libéralisation du secteur de l’énergie !

Cela ferme la porte à tout effort important de recherche sur les énergies renouvelables (ENR), qui restent le parent pauvre du budget de recherche de la R&D (5% hors travaux consacrés aux questions liées à leur intégration dans le réseau). On ne note pas d’inflexion significative alors que la situation énergétique l’exige.
Aux interpellations des représentants du personnel sur ce manque d’ambition d’EDF sur les ENR, la Direction répond qu’EDF – bien que détenue à 85% par l’Etat et chargée de missions de service public – n’a plus vocation à faire de la Recherche publique en matière énergétique.

La Direction d’EDF refuse de développer un programme de recherche sur une énergie nouvelle avant d’avoir pris la décision de s’engager dans cette voie sur le plan industriel. Finalement, la recherche publique appliquée permettant d’éclairer les décisions d’orientation vers telle ou telle filière de production, et d’améliorer les filières nouvelles pour les rendre utilisables, ne semble plus être faite nulle part de manière significative. Cela condamne toute possibilité d’évolution réelle du bouquet énergétique.

De même les efforts sont-ils notoirement insuffisants en matière de maîtrise de l’énergie. La Direction se justifie de la même façon : lorsqu’EDF était entreprise publique, elle pouvait investir à perte. Aujourd’hui, elle n’investit dans ce domaine que si elle en attend un retour sur investissement. La stratégie se limite donc à s’adapter au marché, par exemple en tirant profit des Certificats d’Economie d’Energie. Or on connaît les limites de cette approche, qui ne permettra en aucun cas des ruptures significatives dans la consommation.

La politique énergétique de la France ne peut être guidée par des stratégies d’entreprise, sous peine de rendre vain tout débat démocratique.
La collectivité doit se réapproprier les outils permettant l’élaboration et la mise en oeuvre d’une politique énergétique élaborée démocratiquement.

Il est pour cela nécessaire de revenir sur la libéralisation du secteur énergétique et la privatisation de ses moyens de production.

Paris, le 24 juin 2011
Fédération SUD Energie