Naissance d’une Université Populaire (up !) à la DTG, unité d’ingénierie de la DPIH (production hydraulique)

En novembre 2013, SUD-Energie arrive en fanfare à la DPIH, dans une unité d’ingénierie grenobloise de 700 agents, la DTG, où il devient d’entrée le syndicat le plus représenté avec 4 élus sur 14, 4 suppléants sur 12 et 2 délégués syndicaux (1 pour l’exécution et 1 pour maitrise-cadre). La volonté de travailler de concert avec les forces anti-capitalistes vives est mise enpratique dès l’origine. Et si la tentative de proposer des listes communes avec CGT et FO échoue de peu pour des logiques nationales d’appareil, une structure innovante voit le jour dès janvier 2014 : notre université populaire (up !).

up ! s’est créée pour nous donner des clés de compréhension d’un monde à la dérive, à la seule botte des financiers depuis près de 40 ans, et pour nous réapprendre à lutter ensemble contre les injustices qu’il engendre et ses conséquences inhumaines. La formule est très simple : une fois par mois, avec le concours de CGT et de FO, SUD-Energie organise une conférence-projection-débat pendant la pause méridienne (beaucoup de péri-urbains dans le bassin grenoblois…) à la bourse du travail, à 2 pas du siège grenoblois de la DTG. Historiens, économistes, réalisateurs, sociologues, philosophes, associations engagées éclairent une thématique précise, si nécessaire enrichie de la projection d’extraits de documentaires, et avec en ligne de mire le souci permanent de proposer une action concrète dans la foulée. Dans la mesure du possible, le vivier universitaire grenoblois est mis à contribution.

UPSon logo est librement inspiré du film « No ! » du réalisateur argentin Pablo Larrain, racontant la folle histoire de la campagne plus qu’optimiste pour dire « Non ! » à Augusto Pinochet lors d’un référendum imposé par la communauté internationale au dictateur chilien en 1988.

Pour suivre les initiatives de l’université populaire up ! : site up ! et page facebook

réunion UP

A titre d’exemple, le premier volet de up ! a combiné la science et le talent oratoire de Philippe Barrière, historien, prof à Sciences-Po Grenoble et en classes prépa, et chercheur à Rabat, au Maroc avec l’engagement et le génie de Ken Loach au travers d’un extrait de son documentaire « The Spirit of 45 » (l’esprit de 45) pour nous proposer une « brève histoire de l’engagement » depuis 250 ans dans le monde Nord-Occidental qui est le nôtre. 5 points de réflexion nous ont permis d’aborder le sujet :
– Pourquoi la Révolution ? / – Qu’est-ce que la Résistance ? / – Le premier mai, pour quoi faire ? / – La grève, un objet politique ? / – Mondialisation et Management, les racines du mal actuel ?
Les débats qui ont suivi les deux séances organisées pour le baptême de notre université ont été très riches et presque 100 personnes sur les 500 grenoblois de la DTG y ont participé activement. La proposition d’action locale qui en découle est simpliste : engagez-vous, réveillons-nous, au travers de deux actes simples :
– adhérer à notre université populaire (10 conférences-débat par an pour la modique somme annuelle de 10 € … difficile de proposer moins cher).
– adhérer à Sud-Energie-Edf-Dtg (SEED – graine en anglais, pour intégrer la notion du temps incompressible nécessaire à toute action syndicale) pour la modique somme équivalente à 20 minutes de salaire dès la première année.

Deux évolutions semblent naître des premières mises en musique de cette belle idée :
– Cours magistral et action locale ne se succèderont peut-être pas toujours directement pendant la conférence-débat (problème de différence d’échelle des temps). Cependant, dans la mesure du possible, des actions locales seront proposées.
– Après  3 ou 4 « sessions dirigées », le besoin se fait jour d’organiser une « séance libre » pour construire ensemble et démocratiquement  up! au fil de l’eau (et oui, on est comme ça, dans l’hydraulique !).

Ainsi, avant l’été, un sujet au coeur de toutes les mauvaises nouvelles macro-économiques post crise bancaire de 2007-2008 va nous occuper pendant les trois prochaines séances, la dette :
– Fin mars, Nicolas Ubelmann, co-réalisateur du documentaire « La Dette » avec Sophie Mitrani (diffusé sur Arte l’automne dernier) viendra défendre son film et en débattre avec nous.
– Fin avril, c’est Jean-François Ponsot, économiste atterré, enseignant-chercheur à l’université Pierre Mendès-France de Grenoble qui nous présentera son collectif d’économistes et abordera la problématique de la dette dans les pays européens (les PIIGS comme les appellent les traders : Portugal, Irlande, Italy, Greece and Spain… et bientôt la France) couplée aux politiques de récession qu’on voudrait bien nous faire avaler.
– Fin mai, Marie-Claude Carrel, présidente du Comité d’Annulation de la Dette du Tiers-Monde de Grenoble, nous éclairera sur les racines de ce problème, apparu dans le tiers-monde aux lendemains de la décolonisation, et les nombreuses facettes qu’il sous-tend.
– Fin juin, nous tenterons une première « séance libre », peut-être accompagnés de l’historien Michel Etiévent, pour réfléchir à notre université populaire au travers du prisme de l’éducation populaire mise en place par le CNR à la fin de la guerre.
– Après la pause estivale, nous retrouverons Philippe Barrière à 2 reprises pour une brève histoire du capitalisme (septembre ?) couplée à une brève histoire du syndicalisme (octobre ?) que nous aimerions compléter par l’intervention d’un sociologue (Bernard Floris) sur l’accroissement des inégalités depuis 30 ans dans le monde, en France et à EDF même (novembre ?), avant de terminer l’année sur une nouvelle séance libre, sorte de bilan annuel de cette aventure peu banale.

Parallèlement à ce cycle de conférences :
– Un journal (pop-up !) est édité, trace écrite de chaque conférence, permettant de revenir sur le sujet, posément, proposant une bibliographie pour aller plus loin, d’autres éclairages, et permettant d’embarquer les 4 échelons de la DTG (Toulouse, Lyon, Brive et Béziers) …
– Le local SUD de DTG sera utilisé essentiellement comme bibliothèque pour tous : les ouvrages proposés pour aller plus loin (livres, journaux, revues, dvd, bandes dessinées…) seront achetés avec le budget du CE de DTG et disponibles pour tous les agents (système de projection des vidéos, PC pour accéder à des sites d’info comme Médiapart, emprunt classique…).
– en ligne, sur internet, pour une consultation libre à domicile pour tous les adhérents à up!, tout ou partie de la bibliographie thématique développée au fil des mois.

Trois axes ont été choisis pour travailler pendant les trois années à venir (2014-2016) :
– Cibler l’ennemi (hyper-riches, banques, actionnaires, médias, surconsommation,…)
– Un autre monde est possible (social, écologique, politique, syndical,…)
– Qualité de vie au travail (partage de primes, orchestre batucada, crèche collective, amas ou marché bio, cafèt commune,…)
Cette aventure auto-gérée à géométrie encore mal définie cherche avant tout à atteindre deux objectifs majeurs : redonner à chacun le goût d’une réflexion citoyenne collective, et trouver des moyens de luttes innovants et surtout efficaces contre un ennemi qui s’éloigne et se dématérialise.

Pour finir, plusieurs éléments nous donnent vraiment envie d’y croire :
– 100 personnes ont suivi le premier épisode, malgré des déplacement nombreux dans notre unité, la présence d’échelons qui ne facilitent pas la chose, et les retours sont pour l’instant très positifs
– fin octobre, nous étions 2 adhérents à Sud-Energie à DTG, nous sommes aujourd’hui, moins de 5 mois plus tard, plus de 20 (dont 2 femmes, at last !)
– avec un RSS au CIH et un autre bientôt nommé à l’UP Alpes, nous allons pouvoir proposer ces conférences à nos collègues EDF de tout le bassin grenoblois (reste à trouver un interlocuteur à ErDF…).