Tarif Agent: Ce projet de réforme vous concerne

LE TARIF AGENT :
 
Son projet de "réforme" vous concerne

Le texte qui suit a été l'objet d'une déclaration Sud Energie CPCU faite en CE du 07 avril à propos du tarif agent :

Ainsi donc, et comme nous pouvions nous y attendre, un projet de décret est en cours d'élaboration afin de "réformer" le tarif agent. Une "réforme" dont les patrons de la branche des IEG disent qu'elle consiste à donner à ce tarif "une forme qui soit compatible avec une survivance sur les années à venir*" et qui, une fois de plus, en guise d'argument – comme au moment des retraites – en appellent au "bon sens" et à la responsabilité. Prêcheurs de la cause du développement durable, nos patrons nous avertissent : devant ces horizons qui annoncent la raréfaction des énergies et des bouleversements de consommation, il est évident qu'il y a nécessité de revoir les dispositions encadrant la tarification "très préférentielle*" de l'électricité accordé "depuis des décennies" à nos salarié-e-s (vous remarquerez, là on ne parle plus de collaborateurs). D'autant que chez ces dernier-e-s, certain-e-s n'auraient pas le sens de la mesure et conscience de la valeur des choses.

 

 

Et puis, pour le cas où l'argumentaire du bon sens ne suffirait pas à convaincre, nos patrons communiquent sur les charges qui seraient à provisionner – afin de supporter le poids du tarif agent – en avançant des chiffres pour le moins pharaoniques (+ de 2.3 milliards*, rien que pour EDF) sinon incongrus au regard du chiffre d'affaires de ce groupe. On notera au passage la réactivité dont nos patrons font montre dès lors qu'il s'agit de communiquer sur le montant des coûts à supporter. Mais on fera remarquer également qu'ils ne sont pas aussi loquaces – et c'est bien dommage – quand il s'agit pour eux de justifier les hausses du prix des énergies auprès des consommateurs domestiques. (*source Le Monde du 04 mars 2011)

A la CPCU, suite à divers événements, les agents ont préféré au "tarif agent" un système de primes baptisé "avantage en nature" ; lequel est directement lié à la productivité de ses unités de cogénération. C'est seulement au moment de leur retraite que ses salarié-e-s bénéficient du dit tarif.
En ces temps d'amnésie collective, le petit rappel qui suit n'est pas inutile : Il faut se souvenir, en effet, que ces unités de production électrique ont poussé grâce à, ou à cause de (c'est selon le degré de libéralisme de chacun-e) la loi de modernisation du service public de l'électricité. Une loi qui mettait un terme au monopole de la production et qui posait les rails de la privatisation de ce service public. Une loi qui s'articulait également avec des dispositifs particuliers d'obligation de rachat de l'électricité, produite dans le cadre de la promotion des énergies renouvelables. Mais des dispositifs qui, à défaut d'encadrement sérieux, auguraient déjà de l'immense pillage qui se profilait à l'aune de cette première série de lois.

Un exemple parmi d'autres : En 2005, au moment où les cogénérateurs, par la voix de H.Proglio (le déjà très fameux !) vinrent quémander une nouvelle aide auprès des pouvoirs publics (afin d'éviter une perte de profit due à l'augmentation du prix du gaz, affirmaient-ils) ; l'autorité de tutelle, quant à elle, s'alarmait du montant des subventions versées (plus d'un milliard d'euros) à des cogénérateurs qui, dans leur immense majorité, n'avaient jamais rempli leurs engagements. Pour autant, leurs aides se virent augmentées, et comme avant, furent intégralement financées par les usagers – devenus depuis des clients – par le biais de la taxe de Contribution au Service Public de l'Electricité (sic).

Alors qu'aujourd'hui on assiste à des augmentations du prix des énergies (électricité, gaz, chaleur, et ce dans des proportions rarement connues), ainsi qu'à une dégradation continue du service rendu au public (au détriment de l'intérêt général), la mode est maintenant à la dénonciation des "avantages " des salarié-e-s de ces services publics. Il faut dire que l'équation (privatisation + libéralisation = baisse des prix) a fait long feu, comme annoncé il y a plus d'une dizaine d'années par une partie du mouvement syndical.

On voit donc bien que le moment choisi pour porter cette nouvelle attaque contre la rémunération des salarié-e-s des IEG (le tarif agent est en une composante) ne doit rien au hasard. En effet, de plus en plus de foyers ont du mal à payer leurs factures d'énergie. Certes le législateur a prévu des tarifications sociales pour les plus démunis, mais pour en bénéficier, les obstacles sont très nombreux. D'autant qu'aujourd'hui, les difficultés ne se cantonnent plus qu'aux faibles revenus. Beaucoup d'autres foyers, relevant de ce que l'on nomme la classe moyenne, rencontrent de plus en plus fréquemment les mêmes problèmes. Et dans ce triste inventaire, n'oublions pas d'évoquer le cas des retraité-e-s pour qui les pensions fondent année après année.. Ces inégalités risquent de s'accentuer encore, car ce ne sont les dispositions de la loi NOME qui viendront les corriger (A ce propos, si ce n'est déjà fait, pensez à remercier votre éphémère salarié G.Longuet*) (*Source Médiapart en date du 05 mars 2011)

 

Encore une fois, pour justifier l'injustifiable (les fortes augmentations de prix*), les patrons des IEG sont tentés de jouer à la guerre, en montant les différents composantes de la population, les unes contre les autres. A ce sujet, il est décidemment toujours surprenant de les entendre nous prodiguer des leçons de solidarité. Eux qui, tout comme d'autres de la même classe, avec l'aide et la bénédiction des pouvoirs publics, participent à l'atomisation des différentes structures de la société. (*source Médiapart en date du 29 mars 2011)

 

 

Solidaires à tout propos, et surtout en parole : " Voyez l'engagement éco-responsable de mon groupe ! " ou " Voyez le mien, son engagement social et éthique ! " ou encore " Regardez mon beau label diversité !", nous constatons que les patrons des IEG ne mettent jamais leurs paroles en actes ;

 

  • pourquoi ne pratiquent-ils pas des prix responsables qui garantissent l'accessibilité de l'énergie à tous ?
  • pourquoi plutôt que de les faire disparaître ou de les facturer aux prix forts, n'améliorent-ils pas les services attendus par le client ?
  • pourquoi ne portent-ils pas des politiques industrielles cohérentes, des projets économiques écologiquement judicieux, plutôt que des projets élaborés au regard des seuls critères opportunistes (aides, subventions, plus-value, etc) ?
  • pourquoi ne renouent-ils pas avec l'intérêt général, et avec toutes les valeurs qui sont défendues par le service public ?

C'est peu de dire qu'il y a de la distance entre l'affichage des prétentions et les actes de ces patrons. Leurs ambitions sont ailleurs Aux antipodes de l'intérêt général. Et dire qu'ils veulent mettre l'entreprise et ses " valeurs " au coeur de la société !

 


La journée de grève qui s'est déroulée jeudi 07 avril pour protester contre le projet de " réforme " du tarif agent a été très suivie.

 

A EDF, à GDF-SUEZ, et dans de nombreux secteurs, les taux de participation ont été élevés (+ de 80%)

Ce mouvement a concerné tous les collèges, même l'encadrement l'a rejoint en nombre.

A la CPCU, le mouvement n'a été suivi que très moyennement. Cela s'explique peut-être par le fait que le tarif agent n'est obtenu qu'au moment
du passage en retraite. Cependant, la " réforme " dont il est l'objet nous concerne directement.

D'abord, parce que si cette " réforme " aboutissait, elle constituerait une perte de pouvoir d'achat pour les retraité-e-s et les futurs retraité-e-s.

Ensuite, dans la perspective de l'échéance des contrats 97-01 (fin 2013, des contrats qui encadrent les conditions de rachat de l'électricité produite par les unités de cogénération)

 
le tarif agent pourrait être le moyen de consolider
ce que l'on appelle " les avantages en nature"

 

 

SUD énergie CPCU appelle tous les agents CPCU à se joindre et à participer
aux mouvements à venir, pour le cas où les employeurs des IEG
persévéraient dans leur projet de s'attaquer au tarif agent.

Fait à Paris, le 10 avril 2011