Réaction à l’article du Monde : « Le désastreux projet de Marine Le Pen pour faire baisser les prix de l’électricité »

Le journal Le Monde, sous la plume de son responsable Energie Nabil Wakim, a publié jeudi dernier 14 avril un article intitulé « Le désastreux projet de Marine Le Pen pour faire baisser les prix de l’électricité » condamnant de manière caricaturale, sur la base d’arguments faux, notre revendication de sortie des marchés de l’électricité pourtant largement partagée. Le sous-titre est explicite : « La candidate du Rassemblement national affirme vouloir « sortir » du marché européen de l’électricité. Une stratégie coûteuse pour le consommateur et dramatique pour le climat et la place de la France dans l’Union européenne. »Il se trouve que cette proposition de sortie du marché de l’électricité figure dans le programme de Marine Le Pen. Est-il besoin de préciser que le modèle de société défendu par le Rassemblement National est aux antipodes de celui de notre syndicat ? Le RN attise les divisions de manière très dangereuse et s’en prend aux plus fragiles ; nous nous battons au contraire pour une société basée sur la solidarité, le respect de chacun.e, la tolérance, le partage des richesses. Une société qui ne laisse personne de côté et place la question écologique au centre des préoccupations.

Mais on ne peut combattre le projet de société du RN sur la base d’arguments faux, par ailleurs régulièrement utilisés par ceux qui défendent un projet ultra-libéral mortifère, comme le fait cet article du Monde.  Ces arguments consistent principalement à faire l’amalgame grossier entre sortie du marché et déconnexion du réseau européen. Ils sont également repris, sans plus de finesse par Enerpresse, Les Echos …

Suite à cet article (qui, au passage, référence ma tribune du 22 février dernier contredisant la thèse de l’article), j’ai fait d’une part un commentaire sur le site du Monde et d’autre part une réponse à Nabil Wakim, journaliste avec qui j’ai échangé à de multiples reprises par le passé.

Anne Debrégeas

Le courrier envoyé au journaliste déconstruisant son argumentation

Bonjour M. Wakim,

Je me permets un retour sur votre article d’hier : il me semble basé sur une contre-vérité qui fausse le débat depuis trop longtemps. Je précise que je ne soutiens en rien Marine Le Pen.

Contrairement à ce que vous écrivez, sortir du marché de l’électricité ne veut pas dire se déconnecter du réseau européen et la France exportait son nucléaire bien avant la mise en place des marchés.

Sortir du marché signifie renoncer à une concurrence sur un secteur manifestement inadapté, comme le prouvent 20 ans de réformes incessantes et de crises successives.

Nous avons publié une tribune collective le 31 mai dernier dans Le Monde demandant la sortie du marché de l’électricité car nous sommes nombreux à penser que l’état de désorganisation extrême dans lequel se trouve ce secteur est non seulement un risque économique pour les ménages comme les entreprises, mais également une entrave grave à la transition énergétique.

Vous trouverez ci-joint un rapide argumentaire.

A votre disposition pour en discuter, il me semble vraiment nécessaire de pouvoir vous exposer mes arguments sur un sujet de plus en plus important.

Bien cordialement.

Anne Debrégeas

Économiste de l’Énergie à EDF

Porte-parole de la Fédération syndicale SUD- Énergie