Sous-traitance de la Propreté : déclaration SUD-Énergie en CSE EDF R&D

La presse se fait ces derniers jours l’écho des déboires judiciaires du PDG du groupe Atalian, Franck Julien. Les informations peuvent être trouvées facilement, nous nous contenterons de citer Le Monde : « Selon l’ordonnance de renvoi consultée par Le Monde, l’ex-propriétaire du média économique La Tribune est accusé par les juges ayant instruit le dossier d’une « myriade d’infractions », notamment d’abus de biens sociaux, d’escroquerie, de faux et usage de faux. Ils lui reprochent « l’organisation d’une véritable prédation des biens de la société [Atalian] » à son bénéfice. Le montant du préjudice, qui témoigne du caractère exceptionnel de cette affaire de délinquance financière, est évalué entre 36 millions et 37 millions d’euros. »

Nous rappelons que le groupe Atalian est aujourd’hui prestataire de la R&D pour les services de ménage. En tant que représentantes et représentants syndicaux, nous constatons au quotidien les effets délétères de la sous-traitance de ces activités sur les conditions de travail des salarié·es qui en ont la charge. Malgré nos alertes répétées, ces conditions ne font que se dégrader fortement, en raison notamment de l’augmentation inconsidérée de la charge travail liée à une réduction des effectifs, mais aussi des pressions sur les salarié·es pour qu’ils ne remontent pas leurs difficultés et de la légèreté avec laquelle Atalian les traite. Par exemple, il a fallu plusieurs mois pour que nos collègues du ménage récupèrent une mutuelle après la reprise du contrat par Atalian et de nombreuses relances, et ce au détriment de leur santé.  Atalian est même allé jusqu’à faire travailler une collègue pourtant officiellement en arrêt maladie sur le site des Renardières.

 EDF a la responsabilité du bien-être de tous et toutes les salarié·es qui œuvrent sur nos sites. Le recours à la sous-traitance pour ces activités prive les salarié·es concerné·es de conditions de travail décentes, à en juger par les niveaux de rémunération, les erreurs régulières sur les feuilles de paie, l’absence d’accès effectif à un appui RH, les pressions en tous genre, les jours de carence qui s’appliquent en cas de maladie, etc. Malgré les engagements de l’entreprise pour une sous-traitance socialement responsable, on ne peut que constater la perte de contrôle à la fois sur les conditions de travail de nos collègues sur site, et sur l’éthique des entreprises elles-mêmes. Le retour d’expérience à ce sujet ne laisse pas place au doute.

EDF R&D refuse d’ailleurs régulièrement d’inscrire à l’ordre du jour des CSE un point régulier sur le suivi de ces contrats de sous-traitance, comme c’était le cas avant. EDF R&D refuse d’intervenir au nom de la non-ingérence, contredisant l’objectif de sous-traitance socialement responsable. EDF R&D refuse également de protéger les salarié·es sous-traitants au même titre que ses salarié·es lors des épisodes climatiques qui rendent l’accès aux sites dangereux. Ainsi, la semaine dernière, alors que les salarié·es d’EDF R&D étaient « encouragés à éviter les déplacements et privilégier le télétravail» en raison d’un épisode de « pluie verglaçante puis neige sans dégel », les salariées du ménage ont dû se rendre sur les sites, malgré leurs inquiétudes et leurs horaires matinaux. Une fois de plus, l’une de nos collègues du ménage a été victime d’un grave accident.

Cette actualité est là pour nous rappeler que le recours à la sous-traitance, notamment pour les activités de nettoyage, gardiennage ou restauration, n’a qu’un seul objectif : réduire les coûts de fonctionnement des entreprises. Et n’a qu’une conséquence : créer de la précarité, réduire les salaires, les effectifs et dégrader les conditions de travail. Seule une réinternalisation de ces activités peut garantir des droits pérennes pour ces salarié·es. A minima, un contrôle démocratique effectif et transparent peut limiter les risques de dérives des entreprises, de pratiques douteuses de certains dirigeants et de maltraitance des salarié·es.

 

Nous vous demandons une nouvelle fois de réinternaliser ces activités et dans l’immédiat, d’inscrire un point sur la sous-traitance à l’ordre du jour d’un prochain CSE.

SUD-Énergie, déclaration au CSE EDF R&D le 25 janvier 2024

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